Communiqué de soutien au
peuple Palestinien
L’État d’Israël :
Enjeu de la logique de guerre
Avant
1989, le problème Palestinien était l’un des plus difficiles à comprendre pour
un esprit occidental. Les israéliens, en effet, disposaient du préjugé favorable
au près des populations européennes. Cette sympathie fondamentale pour
Israël était de nature sentimentale
fondée sur le traitement d’informations erronées, falsifiées, véhiculées par
les médias sionistes et pro-sionistes, et n’avait donc rien de raisonné. Dans
ce contexte, pour les peuples d’Europe, ce n’est qu’après réflexions et efforts
de recherche historique approfondie qu’ils peuvent commencer à voir les données
de ce problème différemment. C’est à cet indispensable effort de réflexion que
nous nous permettons de vous inviter immédiatement.
Qu’en
disaient la quasi-totalité des intellectuels et des responsables politiques
occidentaux de l’époque ? peu de choses, soit ils feignaient d’ignorer
l’agression de la colonisation israélienne, soit par euphémisme, ils
minimisaient la violence coloniale de leur idole « le petit Etat
pionnier et courageux qui se bat pour établir une vraie démocratie dans un
milieux très hostile…» soit ils légitimaient cette violence barbare en
s’appuyant sur l’histoire de leur conscience malheureuse afin de ne pas nuire à
l’image d’Israël, « Etat moderne libéral et démocratique .Aussi
l’explication en est-elle constamment à reprendre car elle se heurte,
inconsciemment et consciemment, à une véritable muraille de désinformations et
de falsification de l’histoire.
En
Europe cette période était marquée par la guerre froide et par une absence de
prise de conscience de la réalité du problème palestinien. Et pourtant, quant
on se penche sur la question, c’est bien là la donnée fondamentale dont il faut
partir. Aussi le but de ce communiqué sera-t-il double. D’une part, faire un
rappel des conditions qui ont permis la création de l’Etat d’Israël en 1948 et
d’autre part démontrer l’impartialité et la faiblesse de la communauté internationale
quant aux applications des résolutions de l’O.N.U relatives au Peuple
Palestinien.
Il
est loisible de rappeler, pour commencer, ce que sont les données de base du
problème palestinien, telles qu’elles se posent aujourd’hui et telles qu’elles
résultent des événements antérieurs
1)
LE SIONISME EST
UNE COLONISATION PARTICULIERE
Tous les fondements idéologiques de l’État
d’Israël se trouvent stricto sensu dans la mythologie religieuse et dans la transcendance. L’ancrage de ses
fondements réside dans une revendication d’un droit religieux vieux de 2000 ans. (( Soit disant, environ 2000 ans
avant J. C. selon la bible, Dieu s’est révélé aux juifs et leur a promis une
terre au Moyen Orient. « .. Israël tout entier est la terre promise
par Dieu au peuple juif » .)) Il est très important de rappeler que la
Palestine avant d’être ciblée par le mouvement sioniste, les dirigeants de ce dernier pensaient à
l’Argentine, plus tard à l’Ouganda. En réalité, la politique coloniale d’Israël
est une colonisation qui opère le remplacement de la population palestinienne
par d’autres populations d’origine, exclusivement, religieuse de confession
juive en provenance de nationalités et
de cultures différentes.
En vue d’asseoir une
certaine légitimité, l’État d’Israël déploie toutes les manœuvres dont il
dispose, notamment :
• Le conditionnement
psychologique, insidieux et invisible destiné à récupérer le drame qu’a connu
la population juive européenne victime du pogrom et du Nazisme.
•
La violence sanglante et crue à l’égard des populations palestiniennes qui a
fini par réveiller, mais tardivement, les dormeurs anesthésiés de l’opinion
internationale, et ce, de 1948, date de
la création de l’État d’Israël à nos jours.
À
cet égard, il n’est pas inutile de rappeler que la naissance de cet État en
1948 était possible grâce au soutien Britannique, à l’appui des États unis
d’Amérique ( Pour des raisons géopolitiques, stratégiques, et économiques : exploitation des
hydrocarbures des pays arabes du moyen orient…), à une conjoncture
internationale favorable et aussi à l’incapacité du mouvement national Arabe en
général, et de la résistance palestinienne, en particulier d’arrêter la marche
du mouvement sioniste et d’empêcher la réalisation de son premier
objectif : la création d’un Etat religieux. (1)
Après
sa création, l’État d’Israël a fixé deux
objectifs majeurs imprégnant toute sa politique et son existence : Faire
venir massivement des colons juifs de nationalités et de cultures différentes
pour noyer la population palestinienne majoritaire et vider la Palestine des
ses habitants légitimes. Sur 14 millions de juifs dénombrés dans le monde,
2 millions ont répondu à la propagande
de l’État d’Israël et sont venus s’installer dans la Palestine.
Ces
objectifs visent à mettre en application la stratégie sioniste « ce
n’est qu’après avoir détruit la résistance palestinienne que l’on
pourrait envisager une forme d’autonomie palestinienne au sein de l’Etat
d’Israël » telle est la stratégie prônée, depuis 1923, par les
deux fondateurs du sionisme « culturel » Asher Ginsberg dit Ahad
Ha’am (1856-1927) et Zeev Jabotinski (1853- 1935.).En 1923, ce dernier a exposé
cette théorie dans un article intitulé
« la muraille de fer les arabes et nous » connue sous l’appellation
« le mur d’acier. (voir le Monde diplomatique de janvier 2002)
C’est
cette volonté coloniale qui se poursuit aujourd’hui, bien que sous des formes
différentes, au sein du mouvement sioniste et de l‘Etat d’Israël. De là un pas
vers la société bloquée que les extrémistes et les religieux fanatiques en
Israël n’hésitent pas à franchir. Une xénophobie générale, pour ne pas dire une
haine raciale politique et culturelle,
c’est développée dans tous les milieux israéliens à la quelle ont largement contribué
tous ceux qui continuent d’instrumentaliser la peur, les persécutions des juifs
et l’holocauste à des fins coloniaux.
Il
est inadmissible, condamnable et très dangereux de voir les sionistes
aujourd’hui légitimer l’écrasement de la résistance palestinienne dans le sang,
alors qu’aucun dirigeant palestinien ne remet en cause l’existence de l’Etat
israélien et son caractère religieux-juif-.(2) ( rappel : les Etats Arabes
réunis à FEZ, en 1982, ont accepté un plan de paix qui reconnaît l’existence d’Israël et la création d’un Etat
Palestinien)
À la fin des années 80, deux évènements vont
contribuer à marquer l’histoire de cette colonisation : L’intifada et
l’effondrement des États totalitaires de l’Europe de l’Est. En effet, sous la
pression de l ’opinion occidentale et de la radicalisation de la
résistance palestinienne
qui a obtenu le soutien des masses populaires
Arabes, les État Unis d’Amérique ont commencé à s’interroger sur les effets des
crimes odieux de l’État d’Israël commis à l’égard des enfants palestiniens. Les
américains qui ont utilisé les populations juives, victimes des Pogroms et de
la Shoah, à des fins stratégiques pour
en constituer la plus grande caserne militaire du Moyen Orient en l’occurrence l’État
d’Israël, ont pris conscience du danger que peut provoquer leur soutien
inconditionnel à la politique menée par Israël vis à vis des palestiniens.
L’intifada a fini par faire réagir les
populations des pays arabes qui ont manifesté violemment leur hostilité à la
politique agressive de l’État d’Israël
et ce contre la volonté de leurs États.
Cette prise de conscience des U S A s’est
soldée par le succès relatif de la signature des accords d’Oslo en 1993 entre
palestiniens et israéliens:
-
Reconnaissance mutuelle entre l’O L P et l’État d’Israël
-
La création de l’autorité palestinienne
-
Projet de création du futur État
palestinien sur environ 19% seulement de « l’ancienne »
Palestine alors que le plan de partage de l’O N U du 29 Novembre 1947 octroie
aux palestiniens 47% du territoire. (la résolution 181 de l’Assemblée générale
de l’O.N.U)
Aujourd’hui, l’État d’Israël, pour des raisons
stratégiques( la résistance palestinienne est toujours debout (3) et pour des
raisons électorales et de politique interne communautaire juive arrête subitement
le processus de paix. Il refuse de céder les 19% de l’ancienne Palestine y
compris une partie de Jérusalem aux
palestiniens. Il écarte des négociations la question des réfugiés palestiniens
(Trois millions de palestiniens vivent dans des camps au Proche-orient, Israël
est hostile à leur retour. Le monde entier assiste aujourd’hui aux résultats
tangibles de la mise en œuvre de cette politique. La Cisjordanie est totalement
imbriquée en Israël, tandis que dans le même temps des structures d’apartheid
s’inscrivent dans le paysage même et
fondent une annexion de fait. En effet, les parcelles autonomes palestiniennes
constituent des « bantoustans » ( Home lands. Cette autonomie se
présente en « tâches de léopard . Les airs de colonisations juives se
retrouvent en situation d’enclaves au sein de la population palestinienne. (Il
existe 150 000 colons en Cisjordanie où
vivent 57% des palestiniens, 170 000 à Jérusalem-Est où vivent 7% des
palestiniens, 6000 à Gaza où vivent 36% des palestiniens. En tout, Israël
maintient plus de
400 000 colons juifs installés dans les territoires occupés.
Ce
maillage complexe et évolutif pose des questions insurmontables concernant la
viabilité politique, économique, sociologique et culturelle du futur Etat
Palestinien indépendant et souverain.
Comme
on peut s’y attendre, le projet de la création d’un État palestinien
démocratique suscite la méfiance chez les israéliens, qui n’ont pas hésité à
déclencher l’horrible embrasement qui a mis à feu et à sang les territoires
occupés.
D’un
côté une armée ( la 4ème du monde )
équipée de l’arme nucléaire et d’un
dispositif très sophistiqué de l’autre, une population qui revendique ses
droits légitimes, armées de pierres : le bilan des victimes est
incommensurablement plus nombreux du côté palestinien.
Une
fois encore, Israël a essayé de justifier, en vain, son agression par le fait
que son armée a tenté de se défendre
contre de véritables pogroms. La réalité aujourd’hui est filmée. Qui tue qui?
Toutes les caméras du monde ont filmé des images neutres qui montrent que
l’armée israélienne tire sur des populations et sur des jeunes parfois qui ne
sont même pas impliqués dans des manifestations. Tel est le cas de ce petit
Mohammed de 12 ans qui a été tué dans les bras de son père, venu acheter une
voiture.
En
France, les institutions juives et leur représentant se sont posés comme des
ambassadeurs de l’État d’Israël pour contester la position de la France
qui a soutenu l’idée de la création d’une commission internationale dont la
mission est d’identifier les auteurs des crimes commis depuis la visite
provocatrice de Sharon à l’esplanade des mosquées. Les intellectuels juifs ont
échoué dans leur propagande qui consiste à diffuser des informations selon
lesquelles, à l’antisémitisme classique français s’ajoute aujourd’hui un
nouveau antisémitisme d’origine d’Afrique du nord (maghrébin.) À ce sujet, ils
ont même procédé à caractériser les citoyens juifs de France en trois catégories : Les juifs
« nobles et authentiques, » ce sont les juifs qui soutiennent la
politique de Sharon. Les juifs « honteux, » ce sont ceux qui
critiquent cette politique. Et les juifs « traîtres, » ce sont
tous les juifs qui revendiquent l’autodétermination du peuple palestinien et
l’application des accords d’Oslo ainsi que les résolutions de.l’O.NU.
Les israéliens et leurs
complices ne comprennent pas que l’opinion publique française est très sensible
aux injustices, aux agressions et aux violations des Droits de l’Homme et du Droit international.
En
effet, la répression systématique et disproportionnée ainsi que la distinction ethnique et raciale inscrite
dans les structures mêmes de l’État d’Israël qui se considère au dessus du
droit international, a choqué l’opinion française. Depuis son existence, l’État
d’Israël a toujours refusé d’appliquer les résolutions de l’O N U alors
qu’ailleurs les décisions de l’O N U ont été appliquées par la force militaire
internationale. (En Irak en 1990
et en Serbie en 1999, pour ne citer que
ces deux exemples.) Israël a, systématiquement, frappé de terreur ceux qui
oseraient se révolter contre ses agressions et simultanément il insulte et
menace ceux qui s’indignent de son comportement criminel. Est considéré comme
une attaque, tout ce qui n’est pas une éloge pour lui.
Israël
doit comprendre que sa sécurité restera un but
asymptotique tant qu’il n’admettra pas que le statut d’égalité pour tous
et sur tous les plans est le seul compromis non assujettissant entre les
puissantes aspirations opposées des deux peuples : palestiniens et israéliens.
En effet, la situation d’inégalité et
d’injustice frustre l’amour de soi du peuple palestinien, entraîne
obligatoirement la haine qui devrait trouver un exutoire et se traduit par une
réaction de résistance violente pour défendre sa dignité. Israël doit comprendre que l’égalité et la justice peuvent se concevoir
en dehors de tout présupposé métaphysique et
religieux. Il doit admettre l’égalité et la justice comme valeur humaine
universelle.
Israël
doit comprendre qu’en dépit de sa puissance et de sa supériorité militaire, il
reste très fragile face à l’hostilité des masses populaires arabes à qui on n’a
jamais demandé leur opinion sur l’existence d’Israël. Ces masses vivent sous
les jougs des États arabes totalitaires et dictatoriaux. Israël reste donc
fragile tant qu’il ne se soumet pas au droit international.
•Nous
dénonçons tous les crimes et les agressions de l’État d’Israël à l’égard du
Peuple palestinien.
•Nous dénonçons
l’assassinat sans pitié ni scrupules des enfants palestiniens.
•Nous
dénonçons la logique de guerre au Proche- Orient, soutenue par l’Administration
des Etats Unis, qui est fondée sur deux piliers : Emirats Arabes,
Arabie-Saoudite et Israël, le premier pilier c’est une entreprise de production
du pétrole et des finances, le second c’est le relais régional le plus fiable
des Etats Unis, c’est à dire son bras militaire et nucléaire dans la
région.
•
Nous exigeons la création d’une commission d’enquête sous la direction de l’O N
U.
•
Nous dénonçons la réaction passive et complice de tous les États arabes alliés
du sionisme et de l’impérialisme capitaliste sauvage.
•
Nous exigeons l’application de toutes les résolutions de l’O.N.U relatives aux
questions palestiniennes notamment la résolution194 votée en1949, la résolution
242 votée en juin 1967, la résolution 338 adoptée le 22 octobre 1973, la
résolution 681 en date de 20 décembre 1991, qui stipule la protection des
Palestiniens dans les territoires occupés(4)…
•
Nous exigeons une paix juste et durable négociée dans le cadre d’une conférence internationale sous l’égide de
l’O.N.U avec des garanties réelles de la communauté internationale en faveur du
futur Etat Palestinien et de tous les peuples de la région.
•
Vive la lutte du peuple palestinien pour exercer son autodétermination.
•
Nous soutenons les droits imprescriptibles et inaliénables du peuple
palestinien.
EL
hajri Mohammed
LA VOIE DÉMOCRATIQUE (Maroc)
Section
de France
À Le MANS le 14 / 03 /2002
[1] Les dirigeants des Etats-Unis et leurs collègues staliniens avaient rivalisé pour des raisons divergentes, pour reconnaître l’Etat d’Israël
2 Depuis 1948, Israël mène une guerre d’usure à l’égard du peuple Palestinien notamment des souffrances collectives, des destructions des villages, des arrachages des arbres fruitiers et des récoltes, des assassinats des civils, des assassinats d’enfants, des assassinats extra-judiciaires des résistants et des responsables politiques palestiniens, des destructions des biens palestiniens financés par l’Union Européenne, des bombardements des lieux publics et même des grottes habitées par des Bédouins palestiniens depuis des millénaires . Israël poursuit sa politique d’implantation des colonies juives partout y compris à Jérusalem Est.
3 (( la résistance palestinienne est toujours debout : celle-ci a fait échouer le projet sioniste qui jusqu’en 1977, présentait les territoires occupés comme une monnaie d’échange avec les pays arabes. Une partie de ces territoires pourrait être rétrocédée à chacun des pays arabes de la confrontation en échange d’accord de paix ; on éviterait ainsi la création d’un Etat national indépendant, le problème palestinien ayant été « résolu » par les régimes en place))
4 L’annonce des Etats-Unis le 12 mars 2002 concernant la création d’un Etat Palestinien, coïncide avec l’envoie des diplomates américains au Proche-Orient pour obtenir l’adhésion des pays Arabes aux frappes militaires que préparent les Etats-Unis contre l’Irak dans les semaines à venir. Rappelons-nous qu’à la veille des bombardements de l’Afghanistan, les Etats-Unis afin d’obtenir l’accord des Pays Arabes et des Pays musulmans, se sont prononcés en faveur de la création d’un Etat Palestinien, cependant, cette promesse a été éclipsée de leur discours et remplacée par un langage belliqueux après leur « victoire» en Afghanistan. Ainsi le rôle de l’O.N.U se réduit à celui de ramasse- miettes des palinodies diplomatico-guerries des Etats-Unis.