LA
VOIE DEMOCRATIQUE
COMMISSION NATIONALE
Casablanca,
le 06 octobre 2002
Communiqué
Avec le boycott massif des élections du 27 septembre 2002, le peuple marocain dénonce la démocratie makhzénienne (dictature maquillée par des élections falsifiées)
La commission nationale de la Voie Démocratique, a examiné, au cours de sa réunion du 6 octobre 2002, les résultats des élections législatives du 27 septembre 2002, pour lesquelles elle avait appelé au boycott dans son communiqué du 1er septembre 2002.
Les militants (es) et les sympathisants (tes) de la Voie Démocratique ont répondu avec enthousiasme à l’appel de la commission nationale en menant efficacement la campagne pour le boycott desdites élections
Malgré la faiblesse des moyens et les pressions policières dans certaines régions ainsi que la censure médiatique, les militants et les sympathisants de la Voie Démocratique, avec le Secrétariat National, de la Voie Démocratique, ont accompli leur devoir en expliquant le pourquoi du boycott et en clarifiant la position de la Voie Démocratique. Cette campagne a donné lieu à des réactions de sympathie populaire vis à vis des positions exprimées. Dans certains cas, la Voie Démocratique a organisé avec ses camarades du Parti d’Avant Garde Démocratique et Socialiste des campagnes menées en commun.
Les élections ont connu une grande falsification, illustrée en particulier par la disparition des bulletins uniques de vote dans plusieurs régions, la découverte de nombreux cas d’utilisation des cartes d’électeurs par des personnes malintentionnées, des procès verbaux et des résultats falsifiés ainsi que l’intervention des autorités au profit de certaines listes, l’utilisation de l’argent et la poursuite de la propagande électorale le jour même du scrutin.
La falsification la plus grave est à rattacher au Ministère de l’intérieur du fait de son emprise totale sur l’opération électorale, notamment dans la centralisation des résultats et leur déclaration au moment voulu par celui-ci, ce qui a ouvert les portes à la fraude.
Ceci remet en cause les déclarations officielles selon lesquelles il s’agirait des premières élections crédibles se déroulant dans le cadre de la transparence.
Le peuple marocain a spontanément exprimé un boycott électoral massif. Les chiffres officiels, bien que douteux, constituent un aveu. Ainsi, d’après ces chiffres, 48 %des personnes inscrites dans les listes électorales n’ont pas voté alors que les votes annulés ont atteint 15% des votes « exprimés ». Ceci malgré la propagande intense menée par l’Etat pour contraindre les citoyens à participer au vote (presse, télévision, radio, panneaux publicitaires…) et la mobilisation de 26 partis politiques avec un appui financier par l’Etat qui a mis à leur disposition toute la logistique humaine et matérielle nécessaire.
La nouvelle chambre des représentants, avec les partis politiques qui y participent, ne représente qu’une partie infime du peuple marocain.
En plus de ceux qui ont boycotté lesdites élections ou ceux dont les votes ont été annulés, plus de 3 millions n’ont pas été inscrits dans les listes électorales et plusieurs millions en ont été exclus (jeunes âgés de 18 à 20 ans et les marocains immigrés). Ce qui signifie que, selon les chiffres officiels, les partis politiques ne représenteraient que 30% du véritable bloc électoral.
Si l’on prend en considération les falsifications, l’absence de chiffres réels et crédibles quant à la population marocaine, la tendance des autorités à amplifier les résultats, le taux réel de participation est beaucoup plus faible.
Ce boycott est une position politique qui ne peut être expliqué seulement par l’analphabétisme ou le nouveau mode de scrutin. Il signifie que la majorité écrasante du peuple marocain refuse ce jeu politique dans sa globalité. Car sa volonté a été falsifiée pendant quarante années et le véritable pouvoir n’est pas entre les mains des représentants du peuple même s’ils sont élus librement et en toute transparence.
De ce fait, les élections ne peuvent être perçues comme un moyen pouvant influer réellement et positivement sur la réalité vécue par les casses populaires.
Les résultats officiels atteints notamment par les tendances sociales démocrates, et à leur tête l’USFP, sont très insignifiants et sont considérés comme un vote sanction contre l’orientation menée par le gouvernement de l’alternance makhzénienne, orientation qui a consacré et consolidé les orientations réactionnaires antérieures à l’origine de la crise économique, sociale et politique actuelle.
Les forces « intégristes » ont connu une progression en utilisant la religion de manière démagogique, profitant aussi des erreurs des orientations sociales démocrates ainsi que du vote d’un grand nombre d’électeurs affiliés à la mouvance « Justice et Bienfaisance ».
Ces résultats confirment que le Makhzen a réussi à former une carte parlementaire balkanisée, lui permettant la maîtrise absolue du processus de fabrication d’une majorité parlementaire soumise et d’un gouvernement taillé sur mesure avec leur allégeance totale.
Ainsi le parlement actuel est un parlement de classes où sont présents les gros capitalistes, les gros propriétaires fonciers et les intellectuels opportunistes qui se sont mis au service des classes dominantes et du Makhzen.
Sur la base de ce qui précède, la Voie Démocratique :
Ø Appelle les forces de la gauche radicale à saisir le sens profond du boycott populaire massif desdites élections ;
Ø Exprime son refus de la continuité du jeu politique makhzénien, rejeté par le boycott populaire et considère que l’institution parlementaire actuelle ne représente pas le peuple marocain.
Aussi les tâches immédiates qui s’imposent sont notamment :
Ø La lutte pour l’abrogation de la constitution actuelle et la création de conditions favorables à l’émergence d’une instance constituante populaire pour l’élaboration d’une constitution démocratique en vue de la présenter à un référendum populaire ;
Ø La lutte pour la dissolution du parlement actuel et pour des élections libres et honnêtes sur la base de la nouvelle Constitution ;
Ø La lutte pour la suppression des structures mlakhzéniennes, en imposant en particulier la non impunité des graves violations des droits humains et des crimes économiques ;
Ø D’épouser les aspirations et les luttes des classes populaires, à leur tête la classe ouvrière et l’ensemble des propriétaires.
La commission nationale appelle les forces de la gauche radicale à former un bloc démocratique radical capable d’agir effectivement pour la concrétisation de ces tâches.