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LA VOIE DEMOCRATIQUE
LES ELECTIONS PARLEMENTAIRES DU 27 SEPTEMBRE 2002
NOTRE POSITION
Publication de la Voie démocratique
BP 15927 Poste centrale 20001 Casablanca
Septembre 2002.
Les élections législatives ont lieu dans un contexte mondial, arabe, maghrébin
et national, caractérisé d'une part par la régression des libertés
démocratiques et des droits des peuples à disposer d'eux mêmes, d'autre part
par la montée des forces impérialistes et sionistes et des régimes despotiques
contre les peuples, en particulier le peuple palestinien, victime du « nouvel
ordre international », fondé sur la loi de la force et l'arbitraire américain.
Cette phase est caractérisée par :
- la continuité de l'offensive
impérialiste dirigée par les Etats Unis d'Amérique menant une politique
destructrice contre les peuples du monde (Irak, Cuba, Afghanistan, Colombie,
Vénézuela, Philippines.) y compris le peuple américain, sous le prétexte de la
lutte contre le « terrorisme » qui s'est substitué à la « lutte contre
l'extension du communisme ». En fait, il ne s'agit que de mettre la main sur le
pétrole et les richesses du monde tout en créant les conditions optimales
d'exploitation des masses prolétaires par les sociétés multinationales.
-l'offensive sauvage du sionisme avec l'appui américain et
la complicité des régimes arabes réactionnaires contre le peuple palestinien
dans le but de mettre fin à l'insurrection et la résistance
palestiniennes, faire plier l'autorité nationale palestinienne et la
transformer en un instrument
soumis pour protéger la sécurité de l'entité sioniste et préparer la voie à la
« normalisation globale ».
- l'absence de progrès dans la
résolution de l'affaire du Sahara sur la base des principes de la libre
autodétermination des peuples, du dialogue et des solutions pacifiques pour
éviter à la région le danger de la guerre, ce qui augmente la tension et fait
obstacle à la construction réelle du Grand Maghreb (Maghreb des peuples).
- l'absence de tout changement
de fond dans les structures du régime politique avec la continuité de la nature
makhzénienne de l'Etat et du pouvoir personnel, ce qui dément fondamentalement
les
déclarations quant à une soi disant ère nouvelle ;
- le maintien et la reproduction
des politiques économiques, sociales et culturelles antérieures par ledit
gouvernement d'alternance (privatisation, création de caisses de financement en
dehors de tout contrôle); la continuité de la dégradation des conditions
sociales pour l'ensemble des masses populaires ; l'impuissance du gouvernement
à vaincre le chômage , la pauvreté, la gabegie, la corruption, les
détournements de fonds. Cette impuissance du gouvernement, nonobstant les
intérêts des parties qui le composent, est due à l'absence de compétences
définies et garanties constitutionnellement et permettant d'élaborer, de
proposer et d'appliquer une politique générale. Cette situation justifie
l'importance et l'urgence de l'élaboration d'une constitution démocratique en
tant que préalable à tout changement réel ;
- la légalisation des opérations
de cessions des entreprises publiques aux multinationales et
l'élaboration de lois répressives et régressives dans le domaine des libertés
publiques, des codes
d'investissements., par un parlement dépourvu de la légitimité populaire ;
- la gestion des affaires
locales par des assemblées communales et municipales élues frauduleusement,
fondées sur le clientélisme tribal ou partisan en tant que principe de base
dans le recrutement et la délivrance des autorisations, et oeuvrant à la
privatisation des services de base (eau, électricité, assainissement) dans des
conditions douteuses. Les sociétés étrangères bénéficiaires de ces cessions ne
s'empêchent pas de piller les citoyens en les surtaxant au delà de leurs
faibles et modestes revenus;
- la multiplication des
licenciements collectifs des travailleurs et la répression de toutes les formes
de contestation (ouvriers, diplômés chômeurs y compris les handicapés, jeunes,
citoyens contestant les augmentations de prix.). Au même moment, le pouvoir élabore
un arsenal juridique régressif (code de la presse, nouvelle loi sur les
associations, sur les rassemblements publics et autres regroupements, les
manifestations, code pénal.), la préparation d'autres projets de lois
répressifs ( loi sur le droit de grève, loi relative au partis politiques.) ;
- la continuité du rejet de le
revendication relative à la consécration constitutionnelle de l'amazighité en
tant que langue, culture et composante parmi les composantes de l'identité du
peuple marocain, avec la tentative officielle de récupérer le mouvement amazigh
démocratique à travers notamment la création de l'institut royal de la culture
amazigh ;
- la tendance à vider les
revendications légitimes des mouvements des droits de la femme et de la femme
marocaine en général de leur contenu démocratique en les contournant et en les
diluant par diverses manouvres (commission royale, quota.) ;
- l'absence de programme pour la
libération de Ceuta, Mellila et le îles du Nord de l'occupation coloniale
espagnole et le maintien de ces régions en tant qu'espace de contrebande qui
détruit l'économie locale et de trafic de drogue qui tue la jeunesse ;
Dans ce contexte, les élections législatives auront lieu le 27 septembre 2002
sous la tutelle du ministère de l'intérieur. La déclaration selon laquelle les
élections auront lieu sur la base du scrutin de liste pour soi disant
encourager le vote par programme au lieu des personnes n'est qu'un slogan
démagogique dans la réalité. Ce qui est sûr, c'est que l'ensemble des partis
politiques vont recourir à des personnes favorisées sans aucune relation avec
les programmes des partis politiques. Ces personnes sont désignées à la tête
des listes et le résultat est connu d'avance. Cette « gesticulation
» nouvelle ne pourra donner lieu qu'à une institution législative oeuvrant
comme les institutions législatives précédentes non pas sur la base de
programmes de partis politiques mais plutôt sur les
directives données par le Makhzen.
La voie démocratique ( Anahj Addimokrati ) n'a pas une position figée ou
préconçue quant à la participation ou non, voire au boycott aux dites
élections. Sa position réside dans l'appréciation concrète du rôle des
élections dans le contexte actuelle. Peuvent elles ou non favoriser l'évolution
et le développement des luttes du peuple marocain ?
A partir de cet axiome de départ, il est utile de rappeler notre identité et
clarifier les grandes
lignes de notre programme transitoire avant de conclure par notre position vis
à vis des élections du
27 septembre 2002. Premièrement :
qui sommes nous ?
1. La voie démocratique se veut être une continuité du
mouvement marxiste léniniste et du mouvement de libération marocain en général
et de l'organisation « Ila Alamam » ( En avant !) en particulier ;
2. La voie démocratique a été
créée le 16 avril 1995 par d'anciens militants de l'organisation Ila Alamam et
d'autres militants qui ont connu des expériences de luttes au sein des
mouvements sociaux ( les étudiants basistes, les syndicalistes, les diplômés
chômeurs, les militants pour les droits de la femme, les militants contre la
mondialisation libérale sauvage.);
3. Le référentiel historique de
la Voie démocratique se situe à
travers l'identité profonde du peuple marocain, en tant que peuple
arabo-amazigh, dans ses dimensions spirituelles, humaines, nationales et
régionales. Cette identité a favorisé les conditions de lutte et de résistance
de notre peuple tout au long de son histoire combative ;
4. Le référentiel idéologique de
la voie démocratique se base sur le marxisme en tant que méthode d'analyse et
théorie du changement révolutionnaire (construction de la société socialiste),
enrichie par les diverses contributions théoriques progressistes ainsi que les
expériences de libération nationale, arabes, africaines et mondiales, fondées
sur le respect des droits humains, la liberté et les égalités, en particulier
celles visant à mettre fin à l'exploitation de l'être humain et à son
oppression ;
5. L'objectif suprême de la Voie
démocratique est la contribution efficace de la lutte des diverses forces
socialistes révolutionnaires en vue d'édifier une société socialiste où les
producteurs/créateurs (prolétaires) maîtrisent réellement les moyens de
production ( dont ils ont été expropriés par le régime capitaliste), ainsi que
les opérations de production et de distribution des produits. Il s'agit, en
dernière instance, de construire une société où sont abolies les classes
parasitaires qui vivent de l'exploitation de la grande majorité, une société
démocratique garantissant l'emploi, l'habitat salubre, l'enseignement, la
culture, la santé, les loisirs pour tous.., une société maîtrisée par les
citoyens responsables dans la gestion et l'administration des affaires
politiques, économiques, sociales et culturelles ;
Pour réaliser ces objectifs, la Voie démocratique s'adresse à la classe
ouvrière, les paysans pauvres et
toutes les catégories sociales opprimées et marginalisées pour l'organisation
et la construction
de l'instrument politique efficace qui leur permettra de défendre leurs
intérêts, en affrontant les classes
dominantes ( grands propriétaires fonciers, bourgeoisie compradore,
intermédiaire du capitalisme
mondial, la technobureaucratie vivant des détournements des deniers publics,
chiens de garde.)
et en brisant le pouvoir répressif ;
La Voie démocratique est convaincue des
luttes concrètes et collectives en tant que moyen fondamental pour réaliser ses
objectifs, sans négliger les dimensions intellectuelle et médiatique.
La Voie démocratique est convaincue que ce sont les masses qui se libéreront
elles mêmes par elles mêmes. Le rôle des militants est de contribuer à cette
évolution, en mobilisant leurs énergies pour la
construction des instruments de défense subjectifs , tout en évitant de tomber
dans le piège de la
subordination des luttes à des objectifs opportunistes et le recours aux luttes
pour réaliser des intérêts
partisans ou des intérêts catégoriels étroits.
Deuxièmement, notre programme transitoire, dans la phase actuelle réside
dans le changement démocratique radical.
Si notre objectif à long terme est l'édification d'une société socialiste
vers la construction du communisme, la Voie démocratique en tant que mouvement
politique armé de la pensée marxiste fondée sur le matérialisme historique et
le matérialisme dialectique dans l'analyse de la réalité concrète et
l'identification de ses diverses composantes ( les forces en présence, le
niveau de conscience de classe, le rapport de forces, le classement des
contradictions, la situation subjective.), détermine les objectifs transitoires
qui répondent à l'étape actuelle et les moyens efficaces et adaptés permettant
leur réalisation.
Vu la nature de l'étape actuelle que connaît le Maroc, la Voie démocratique
s'est fixé des tâches
fondamentales à concrétiser. Il s'agit notamment de mettre en place un régime
démocratique dans ses
dimensions politiques, sociales, économiques, culturelles et régionales vers la
libération et l'instauration du socialisme.
La réalisation des objectifs transitoires est une opération complexe et délicate
nécessitant
l'unification des forces socialistes, le regroupement des forces démocratiques
radicales et de toutes les
militantes et militants sincères à la cause des mouvements sociaux dans le
cadre d'un pôle
démocratique radical. Aussi, la Voie démocratique n'hésite pas à la lutte en
commun en vue de
concrétiser un programme transitoire précis ou même pour réaliser une action
parmi d'autres dans le cadre des luttes collectives.
-La voie démocratique ouvre
aussi à la construction d'alliances sûres entre les organisations de la gauche
démocratique radicale dans le but de créer les conditions du changement
démocratique radical, dans une perspective socialiste visant à mettre fin au
despotisme makhzénien et au pouvoir personnel en tant qu'instrument de
domination des forces réactionnaires, des mafias makhzéniennes et du
capitalisme sauvage.
1) Le domaine constitutionnel.
Il n'est pas possible de parler de démocratie sans une constitution
démocratique dans la forme et le contenu. Toute les constitutions qu'a connues
le Maroc ont été élaborées par des techniciens pour satisfaire le bon plaisir
et les intérêts du pouvoir makhzenien .et sa base sociale : les grands
propriétaires fonciers, la bourgeoisie bureaucratique et la bourgeoisie
capitaliste liée essentiellement au capital financier international.
Les objectifs de l'expérience constitutionnelle marocaine se résument en deux
points fondamentaux :
d'une part imposer la légitimité du régime politique, d'autre part, protéger
les intérêts économiques,
politiques, et idéologiques du bloc des classes dominantes. C'est de là que
tire la constitution
actuelle son contenu idéologique réactionnaire et sa nature despotique. Pour
ces raisons nous considérons qu'il est nécessaire :
· D'abroger la constitution actuelle
et non pas la réviser ;
· De créer les conditions
nécessaires à la mise en place une instance populaire constituante, appelée à
préparer un projet de constitution. Ce projet sera discuté, amendé et
approuvé dans sa version finale ; en toute liberté par l'ensemble des
catégories sociales du peuple marocain..
Nos revendications constitutionnelles fondamentales se résument comme suit :
· L'identité du peuple marocain
:
Le peuple marocain est un peuple africain de par son appartenance géographique
et de par ses attaches
historiques, la ressemblance des problèmes vécus par les peuples africains.
Le peuple marocain est un peuple amazigh du fait de ses habitants autochtones ,
de par sa langue amazigh, sa richesse culturelle et la diversité de ses composantes
(l'amazighité, l'arabité , l'islam.).
Le peuple marocain fait indéniablement partie du grand Maghreb de par la
position géographique, l'histoire commune et les langues: l'amazigh et l'arabe
; du fait aussi du destin commun des peuples maghrébins, dans le contexte
actuel, caractérisé par la formation de blocs régionaux.
Le peuple marocain fait partie du monde arabe, du fait de la langue, de son
histoire et de la géographie en tant que partie du grand Maghreb, et du fait de
son destin lié à celui des peuples du monde arabe.
Dans ce cadre, la Voie démocratique continuera la lutte pour la consécration
constitutionnelle de la
langue amazigh, en tant que langue nationale officielle à côté de la langue
arabe et pour l'émancipation de la culture amazigh.
· La religion :
La Voie démocratique, en tant que continuité du mouvement marxiste léniniste
marocain, ne peut que
défendre la nécessité du respect des convictions et des sentiments religieux
des classes populaires. Elle
défend aussi la liberté du choix et d'adhésion aux idées ainsi que la liberté
de lutter démocratiquement
et pacifiquement dans ce domaine.
A travers l'histoire de la formation sociale marocaine, le pouvoir makhzénien a
exploité l'islam, en tant que religion, pour imposer un régime politique théocratique
( le roi, personne sacrée, représentant
de dieu sur terre) et garantir la continuité de l'hégémonie de sa base sociale
parasitaire. La désignation des imams par le ministère des habous et la
rédaction des discours religieux du vendredi par ce dernier pour plaire aux
gouvernants, ont constitué les aspects les plus manifestes de cette
instrumentation,
exprimant ainsi l'exploitation de la religion par le pouvoir. A cela s'ajoute
la pensée unique imposée dans ce domaine en excluant les interprétations divergentes,
qu'elles soient religieuses ou laïques.
Pour ces raisons, nous considérons que la séparation de l'Etat, en tant
qu'instrument de domination des
classes parasitaires, de la religion est une nécessité fondamentale. Nous
considérons aussi que la
constitution doit interdire l'exploitation des convictions religieuses à
des fins politiques.
Notre position est hostile à toute exploitation politique de la religion et
nous défendons le droit de
tous les individus à exprimer et pratiquer en toute liberté leurs convictions
et leurs sentiments, loin de
toute contrainte et de toute violence.
· La question de la femme
Peut on admettre, en ce début du 21ème siècle, que la moitié de la population
marocaine demeure privée par la loi de ses droits les plus élémentaires à
partir de la discrimination fondée sur la seule différence des sexes ?
Nous rejetons totalement cette situation archaïque qui transforme la femme en
un être inférieur privé de sa citoyenneté.
Si les conditions historiques, économiques, sociales et culturelles sont à
l'origine des discriminations,
tels que maîtres et esclaves, nègres et blancs, femmes et hommes, l'humanité,
grâce à ses luttes, a pu
dépasser et mettre un terme à certaines de ces discriminations. Mais
malheureusement, la femme, dans
la société marocaine demeure victime des discriminations. Pour cela, nous
considérons que la consécration constitutionnelle de l'égalité entre
l'homme et la femme dans tous les domaines tout en prévoyant des textes
particuliers garantissant des
droits spécifiques à la femme notamment en tant que mère, l'abrogation du code
du statut personnel, en
tant que nécessité urgente et élément fondamental permettant de tester la
démocratisation réelle du
pays.
· La nomination des responsables
La nomination des responsables dans tous les domaines administratifs,
économiques, politiques, judiciaires, militaires ne peut pas avoir lieu en
dehors des institutions représentatives. La constitution doit prévoir :
-l'indépendance des magistrats
vis à vis de toutes les parties ; la nomination des magistrats (femmes et
hommes) par la ministre de la justice sur la base de critères clairs et
objectifs ;
-la nomination des responsables
des entreprises publiques (offices, agences, sociétés nationales.) par les
ministères de tutelle selon des critères précis facilitant le contrôle et le
sanction juridique et politique ;
-la nomination, par le
président du gouvernement, des gouverneurs et des wallis (préfets de régions)
dont attributions actuelles seront révisées dans le sens de leur restriction au
profit des représentants élus. Aussi, il sera mis fin au rôle d'hégémonie
qu'exerce le ministère de l'intérieur sur les autres ministères et départements
;
-le président du gouvernement
désigne les ministres formant son équipe et met fin à leur fonction en cas de
nécessité.
· La régionalisation
L'organisation Ila Alamam (en avant) a déjà exprimé la nécessité de construire
le Maroc sur la base des régions. Il est possible de distinguer le Maroc en
régions bénéficiant d'une complémentarité économique, l'unité de langue,
l'histoire commune et les spécificités culturelles (Rif, Souss, Zaïan et
Zemmour, Errachidia et Ouerzazate..). Ces régions peuvent bénéficier d'une
autonomie déterminée dans le cadre d'un Maroc unifié et non plus divisé en «
Maroc utile » et « Maroc inutile ». Dans ce cadre, la constitution doit
déterminer les principes fondamentaux de cette autonomie, pour prévenir les
déviations possibles dans un sens ou dans l'autre (sécession ou
centralisation).
2) Le domaine économique
Notre objectif stratégique est de contribuer avec tous les socialistes
révolutionnaires à la construction
d'une économie socialiste s'appuyant sur les principes fondamentaux suivants :
- la propriété collective des
principaux moyens de production. Car il n'est pas possible de mettre fin à
l'exploitation de l'homme par l'homme sans mettre fin à l'accaparement des
moyens de production par une classe parasitaire ;
- la participation des
producteurs réels à la détermination du type de production dans le cadre
d'une économie nationale complémentaire qui prend en considération les besoins
des citoyens et les données spécifiques des différentes régions, en donnant
priorité aux infrastructures de base ;
- La maîtrise du processus de
production par les producteurs réels avec tout ce qui garantit la gestion
optimale des ressources de production, sa répartition équitable et le respect
de l'environnement.
Dans l'étape actuelle, il y a lieu d'insister sur l'application d'un programme
transitoire dans le domaine économique. Les principaux aspects de ce programme
peuvent être résumés comme suit :
· La réforme agraire :
La politique agricole doit d'abord répondre aux besoins fondamentaux des
habitants avec ce qui
garantit l'autosuffisance alimentaire, la sauvegarde des ressources naturelles
et de l'environnement
écologique, le développement équilibré des diverses régions et le reboisements
des forêts. Aussi est il
indispensable de procéder à une réforme agraire autour des points suivants :
- la limitation de la superficie
de la propriété individuelle de la terre (selon qu'il s'agit des
terres bour ou des terres irriguées) ; l'expropriation des grands propriétaires
fonciers qui ne participent
pas directement à la production et à la gestion ( les rentiers) ; la distribution
des terres aux paysans
pauvres, aux ouvriers agricoles, aux chômeurs ayant des diplômes en agriculture
dans le cadre de
coopératives ;
- l'ouverture d'enquêtes sur les
terres « collectives » (joumôu), les terres habous, les terres guich, les
propriétés dites makhzéniennes et les lots agricoles autrefois accaparés par
les colons étrangers et
transférés aux nouveaux colons marocains dans des conditions douteuses. Ces
terres doivent être remises aux paysans pauvres et aux ouvriers agricoles dans
le cadre de coopératives modernes basées sur la gestion rationnelle des
ressources naturelles, la sauvegarde de l'environnement et le développement de
l'autosuffisance ;
- La redistribution des
ressources hydrauliques dont ont été dépourvues les paysans pauvres par les
mafias makhzénienne grâce à la politique des barrages ;
- la construction des routes
dans le monde rural, l'entretien et l'aménagement de celles existant ;
l'électrification des campagnes et l'accès à l'eau potable avec tous les
services sociaux et de santé
nécessaires à l'amélioration des conditions de vie ;
- la restructuration de
l'établissement du crédit agricole particulièrement dans l'intérêt des
agriculteurs pauvres, avec la mobilisation des financements vers le
développement prioritaire des
infrastructures de base fondamentales (forage et équipement des puits ;
installation des canaux
d'irrigation.);
· La construction d'une
industrie nationale active.
Le Maroc dispose des principales matières de base (minerais, pêche,
agriculture.) et de potentialités
humaines élevées .Il dispose aussi d'une position géographique stratégique dans
le commerce extérieur. Ces données suffisent pour mettre en place une industrie
nationale active à condition qu'il y ait les conditions politiques et
juridiques nécessaires ainsi qu'une gestion rationnelle et démocratique.. Les
principaux aspects de cette politique industrielle nationale peuvent être
présentées comme suit :
- La satisfaction des besoins fondamentaux des citoyens ;
- Garantir l'indépendance nationale vis à vis des monopoles étrangers ;
- S'appuyer principalement sur les matières de base nationales ;
- S'appuyer principalement sur les potentialités humaines nationales ;
Pour réaliser ces objectifs, il est nécessaire de nationaliser les secteurs
stratégiques (l'énergie et
les mines, les communications, la pêche, les organismes financiers, les
assurances ; le transport
en commun .) et de mettre un terme au processus de privatisation ; de
poursuivre et sanctionner les
responsables du pillage des finances publiques ; d'arrêter les opérations de
cession du domaine public
aux personnes influentes et aux multinationales dans des circonstances et
des conditions contraires à
l'intérêt national.
Pour que les entreprises économiques publiques ne soient plus exposées à
l'enrichissement illégal et à
la faillite, les producteurs directs et les représentants du peuple doivent
pouvoir contrôler le financement, la gestion et la distribution.
La réduction des activités intermédiaires liées principalement à la distribution
et à la commercialisation et la suppression des activités permettant aux
catégories parasitaires de mettre la
main sur une partie de la plue-value produite par l'industrie et l'agriculture.
· L'endettement : le remboursement de la dette est devenu une lourde charge
dans le budget de l'Etat ( à peu prés le tiers des dépenses) . Le régime a noyé
le pays dans les marécages d'où il est difficile de
sortir, en liant le sort du peuple à des parties étrangères. Ces parties ont
maintenant la main mise
sur la politique économique et sociale à travers l'octroi des crédits et le
rééchelonnement des dettes
en poussant l'Etat à réduire les budgets des secteurs sociaux tels que la
santé, l'enseignement et l'emploi, en imposant un code de travail régressif
servant les intérêts du patronat au détriment des intérêts des travailleurs,
ainsi que le transfert des secteurs stratégiques aux multinationales.
Aujourd'hui, s'impose la formation d'une commission officielle indépendante
pour enquêter sur le sort des crédits externes. Il est inadmissible que le
peuple marocain paie plusieurs fois des dettes dont il n'a
nullement profité et dont il n'a pas donné son accord.
Pour financer les projets de développement qui servent les intérêts
fondamentaux du peuple marocain, il faut faire rembourser les richesses
pillées, dilapidées et détournées, réduire les budgets improductifs de
l'administration de la défense nationale et du ministère de l'intérieur et
baisser les salaires des
hauts fonctionnaires de l'Etat , tels les ministres, les directeurs des
administrations et des entreprises
publiques, ainsi que les indemnités des parlementaires ; établir un impôt sur
la fortune et les gros revenus ; lutter contre la fraude fiscale et augmenter
le taux de TVA frappant les produits de luxe (voitures de luxe importés,
bijoux, boissons alcooliques importées.).
3) Le domaine du social
Le Maroc ne peut pas avancer sans mettre fin à l'analphabétisme, à
l'obscurantisme, au chômage, aux
maladies graves, à l'habitat insalubre et aux autres phénomènes sociaux
(enfants de la rue, prostitution,
mendicité, drogue, délinquance et criminalité.). Il n'est pas possible de
mettre fin à ces phénomènes
sociaux ni par la répression, ni par des actions caritatives, ni par des
promesses vagues. Ces phénomènes sont d'abord le résultat de l'oppression
politique, des privations économiques et des
politiques d'enseignement et culturelles encourageant le sous développement et
hostiles à la pensée
progressiste et critique et à la recherche scientifique.
Les mauvais résultats enregistrés dans le domaine de l'enseignement, depuis
plusieurs décennies, à tous les niveaux, sont une preuve de l'échec de la
politique suivie dans ce domaine : analphabétisme généralisé, chômeurs diplômés
en centaines de milliers, pauvreté et exclusion. Dans chaque famille marocaine
à revenu modeste, un ou plusieurs jeunes sont des diplômés au chômage.
L'Etat, dans sa fuite en avant, refuse d'assumer ses responsabilité vis à vis
des citoyens en matière
d'enseignement, de formation et de recherche scientifique. L'Etat propage des
slogans absurdes
mettant l'accent sur l'inadéquation entre les systèmes d'enseignement et les
exigences du marché du travail, oubliant ainsi qu'aussi bien le marché que
l'enseignement ont été créés par l'être humain pour
répondre à ses besoins et faisant passer les orientations politiques imposées
par les institutions
financières internationales dans ce domaine. La charte nationale de l'éducation
et de la formation a ainsi été conçue dans son contenu, en négation à l'esprit
démocratique, consacrant ainsi d'une part un
enseignement réactionnaire (basé sur l'allégeance et la soumission), d'autre
part un enseignement dépendant (basé sur l'acculturation et la satisfaction des
besoins du capitalisme dans sa phase actuelle de mondialisation ; main d'oeuvre
docile et qualification limitée). Ce type d'enseignement approfondit la
dépendance dans le domaine de l'expertise et de la production technologique,
consacre l'inégalité entre les enfants des classes populaires et les enfants
des classes privilégiées (encouragement de l'enseignement privé, mise en cause
de la gratuité de l'enseignement.) et marginalise encore plus la langue et la
culture amazigh.
Le programme de la voie démocratique en matière d'enseignement vise :
· La construction de crèches
pour enfants de moins de 6 ans avec comme langue d'instruction la langue
d'origine de l'enfant ;
· Un enseignement primaire
obligatoire pour une durée de cinq ans aux enfants ayant atteint l'âge de six
ans avec la langue d'origine, arabe ou amazigh. Dans le deuxième cas,
l'enseignement doit être aussi en arabe pour permettre aux enfants de continuer
leurs études secondaires ;
· L'enseignement secondaire
obligatoire d'une durée de six ans avec des cours en langue amazigh, intégrant
la culture amazigh comme la culture arabe, ouvert à la formation
professionnelle et adapté aux besoins du pays et à l'enseignement supérieur ;
· Un enseignement supérieur
fondé sur la recherche scientifique et le développement des capacités créatives
des jeunes avec l'ouverture sur tous les citoyens, en langue arabe avec la
possibilité
d'apprendre la langue amazigh à ceux qui le souhaitent ;
· Création d'un institut
supérieur pour le développement de la langue et de la culture amazigh
disposant d'une gestion autonome ;
· L'éradication de
l'analphabétisme ;
La marginalisation du secteur de la santé publique et l'encouragement du
secteur privé, qui n'est pas soumis aux critères d'intérêt général, dévoile la
politique de classe suivie par l'Etat dans le domaine social. La voie
démocratique vise à mettre en place une politique de santé populaire, en
s'appuyant sur les moyens suivants :
· Création de services d'hygiène
sanitaire dans toutes les régions du Maroc en vue de réduire la mortalité
infantile ;
· Construction d'infrastructures
de base pour l'eau potable, les égouts et l'assèchement des marécages ;
· Elaboration d'un programme
d'hygiène sanitaire en coordination avec l'Organisation Mondiale de la
Santé;
· Elaboration et application de
lois garantissant le travail dans des conditions sanitaires et préventives contre
les maladies et les accidents professionnels ;
· Elaboration et application de
lois contre la pollution et permettant la protection de l'environnement naturel
; la lutte contre les conséquences néfastes sur l'environnement naturel et urbain,
conséquence menaçant la santé psychique et physique des citoyens, en
s'appuyant sur l'élément humain dans les centres de santé de base qui doivent être
dotés des équipements nécessaires ;
· L'élaboration d'un programme
de lutte contre la sous
alimentation ;
· La suppression de la tutelle
du ministère de l'intérieur sur les centres de psychiatrie et la
révision des lois appliquées dans ce domaine ;
· Création d'une pharmacie
nationale ;
· Protection de la maternité et
création de conditions matérielles favorables à la limitation des naissances;
· Protection particulière des
handicapés, de l'enfance et de la vieillesse.
Pour ce qui est du logement, la construction de palais et de villas luxueuses
avec les piscines privées
constitue aujourd'hui un mépris et une insulte aux millions de marocains entassés
dans les bidonvilles ou errants sans abri dans les rues des villes et villages.
L'extension de la pauvreté dans la
périphérie des grandes villes en est une illustration concrète. La croissance
démographique rapide, l'exode rural accru font du logement un problème grave favorisant
la spéculation immobilière. Ce qui est à l'origine du surendettement des
salariés disposant de faibles revenus.
La vision de la Voie démocratique dans le domaine du logement social se résume
autour des points suivants :
· Mettre fin à la spéculation
foncière ;
· Eradiquer les bidonvilles et
lutter contre l'habitat insalubre ;
· Mettre en place une politique
d'habitat favorisant
la construction de logement à des loyers ne dépassant pas le 1/5 des salaires
des revenus faibles ou
l'appropriation par des prêts dont le remboursement ne dépasse pas le ¼ du revenu
mensuel avec des crédits à long terme à des taux d'intérêts ne dépassant pas
5%.
· Le développement des méthodes
et la production locale des matériaux de construction à faible valeur répondant
aux besoins essentiels, surtout dans le monde rural.
Pour l'emploi, les politiques suivies depuis plus de deux décennies sont
fondées sur la réduction de la
masse salariale, l'abandon du secteur public et le gel du recrutement dans ce
secteur. Ces politiques
s'appuient sur l'encouragement des investissements externes qui ne voient pas
le jour, pour soi disant
créer des opportunités d'emploi. En fait cette politique ouvre la voie à
la main mise sur les
infrastructures économiques publiques, stratégiques et rentables et donne lieu
aux licenciements collectifs de la main d'ouvre sous prétexte de
rationalisation des ressources humaines et au transfert des plus values
financières vers l'extérieur.
La nature parasitaire du patronat marocain explique ses limites et son
incapacité structurelle à
développer le marché interne et à résorber le chômage important malgré
les avantages successifs et continus que l'Etat lui a accordé sous forme
d'exonérations fiscales, de facilités dans l'appropriation des ressources
énergétiques, l'attribution de terrains équipés et l'exonération d'une partie
importante des charges sociales.
Le Makhzen, depuis juillet 1995, ouvre pour faire adopter un projet de code de
travail réactionnaire
mettant en cause les faibles acquis de la classe ouvrière qui connaît déjà en
permanence une instabilité dans l'emploi, la faiblesse des salaires et la
répression des droits syndicaux. Cette situation
ne fait qu'approfondir le chômage en le diversifiant dans sa forme à travers la
légalisation des agences
intermédiaires dans le recrutement, véritables négriers, imposant des contrats
temporaires qui sont
devenus la règle. Tout cela en application des principes du libéralisme sauvage
; « flexibilité du
travail et de l'emploi », libéralisation des salaires.L'article 288 du code
pénal et l'arrêté
relatif au droit syndical des fonctionnaires, le dahir de 1938 relatif à
au travail par la force, sont des
instruments consacrant l'instabilité de l'emploi. De ce fait, la classe
ouvrière, depuis plusieurs
décennies, subit des licenciements collectifs arbitraires, les fermetures
illégales des entreprises
industrielles et la répression des libertés syndicales.
La Voie démocratique, en tant que tendance socialiste, convaincue de la défense
des intérêts des classes prolétaires, dénonce la politique suivie visant à consacrer
la précarité de l'emploi et le chômage.
Cette politique offre des perspectives floues à une jeunesse représentant
la majorité de la population
marocaine. Combien de marocains meurent chaque jour noyés dans les eaux de la
méditerranée , fuyant la misère sociale ? Qu'est ce que la citoyenneté en l'absence
des droits politiques, économiques,
culturels et sociaux ?
Si la voie démocratique se félicite des luttes menées par la classe ouvrière
pour son droit à s'organiser
syndicalement et pour défendre sa dignité, de la résistance des diverses
catégories de chômeurs
diplômés face à la machine répressive du Makhzen, des luttes des familles des
victimes de ladite immigration clandestine où l'Etat marocain est le premier responsable
du sort de leurs enfants, elle considère qu'il est nécessaire d'adopter une
démarche urgente pour arrêter la dégradation actuelle notamment à travers les
mesures suivantes :
· Elaborer, adopter et appliquer
un code de travail démocratique et moderne fondé sur les principes internationaux
des droits humains, en particulier le pacte international relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels, ainsi que les conventions adoptés par
l'organisation internationale du travail ;
· La création d'une caisse de
protection contre le chômage ; la protection médicale gratuite aux victimes du
chômage ;
· La baisse de la durée du
travail à 40 heures dans le domaine industriel et agricole ;
· La réglementation du travail
supplémentaire; la titularisation obligatoire des salariés de l'enseignement
privé ;
· L'établissement de critères
transparents et objectifs dans le recrutement des administrations
publiques, semi publiques et des collectivités locales, ainsi que la
lutte contre le phénomène des «
fonctionnaires fantômes » ;
· L'augmentation du SMIG, son
unification et l'application de l'échelle mobile des salaires ;
· L'abrogation de tous les lois
et règlements contraires à l'exercice des libertés syndicales et à
l'exercice du droit de grève, en particulier l'article 288 du code pénal ;
· La suppression de toutes les
poursuites judiciaires à l'encontre des militants syndicalistes, la
libération de ceux qui sont détenus et leur réintégration professionnelle ;
· La reconnaissance de
l'association nationale des diplômés chômeurs au Maroc ;
· La création des opportunités
d'emploi aux chômeurs diplômés avec un traitement particulier des personnes aveugles
et handicapées en général.
4) Le domaine culturel
Dans la période actuelle, la
voie démocratique considère :
· La nécessité de mettre en
place les moyens et le dispositif indispensables pour réhabiliter les
diverses composantes de la culture populaire, sa libération du caractère
folklorique imposé par la
politique officielle ;
· La nécessité de créer les
conditions indispensables à la libération des capacités créatrices, notamment par
la construction de théâtres et de maisons de culture ; bibliothèques générales
; encouragement des artistes en général et des jeunes en particulier ; la levée
des obstacles et de la tutelle de l'Etat ;
· Encouragement de tout ce qui
est humaniste, progressiste et libérateur dans le domaine de la
création ;
· Ouverture des médias publics à
la culture amazigh pour la faire connaître et l'encouragement des artistes
amazigh en faisant connaître leurs ouvres ;
· Prévoir des séances au sein
des établissements d'enseignement sur la question culturelle avec un contenu
différent d'une région à une autre ;
· Créer des espaces adaptés aux
quartiers populaires et aux douars pour encourager la créativité et développer
les connaissance culturelles.
5) Le domaine des libertés publiques
Depuis sa naissance, l'organisation « en avant » a pris compte de l'importance
de la lutte démocratique
au sein des classes populaires. Cette lutte vise à réaliser des acquis
politiques, juridiques et culturels dans le sens du changement radical et sans concession
de principe ou compromission avec l'Etat
makhzénien.
L'organisation « en avant » a participé à la fondation des premières associations
des droits humains au Maroc au début de 1972 ( parmi les fondateurs, Omar Benjelloun
de l'UNFP et Abdelhamid Amine de
l'organisation « en avant »). Elle a participé à la fondation de l'Union
nationale des ingénieurs qui a
joué un rôle majeur dans la dénonciation de la politique réactionnaire et
répressive du régime( parmi
les fondateurs : Ait kaddor de l'UNFP, A. Tazi de L'Istiqlal et A. El Harif de
Ila Alaman comme premier secrétaire général de l'UNI). Les militants de l'organisation
« en avant » ont aussi assumé des
responsabilités sectorielles au sein de l'UMT, de la direction de l'UNEM
au cours du 15ème congrès où Abdelaziz Menebhi a été élu président. Les
militants de l'organisation « en avant » ont enfin ouvré à la création de
plusieurs associations culturelles et des ciné clubs à travers le Maroc.
La Voie démocratique, à son tour, depuis sa création a donné toute son
importance à la lutte démocratique et a décidé d'ouvrer dans le légalité en
déposant ses statuts devant les autorités concernées depuis 1999 sans cependant
obtenir à ce jour le reçu de dépôt. Ce qui constitue une grave violation des
lois en vigueur par l'Etat qui pourtant n'a pas hésité à accueillir rapidement,
au cours des semaines précédant lesdites élections du 27 septembre 2002, des
partis politiques de naissance toute fraîche, leur ouvrant les grandes portes
de la télévision et autre médias pour les faire connaître et les intégrant à
une vitesse extraordinaire dans la liste des partis légaux pour les utiliser
dans la cuisine électorale.
La démocratie telle que chantée par l'Etat est une démocratie visant la
banalisation, la soumission et
l'exclusion. C'est cette conception de la démocratie qui régit l'arsenal
juridique élaboré au cours des
derniers mois et qui vise à réprimer en profondeur la liberté de la presse, la
liberté de pensée et la
liberté de s'organiser, de manifester et de se rassembler.
La voie démocratique, en tant que continuité de la pensée et des luttes du
mouvement marxiste léniniste et du mouvement de libération au Maroc s'est
imposé au niveau national en tant qu'acteur difficile à négliger et à passer sous
silence de par ses positions radicales hostiles aux compromissions, aux tabous
de toutes sortes et aux dogmes, de par ses luttes concrètes au sein des classes
populaires,
particulièrement au sein de la classe ouvrière et de l'ensemble des prolétaires
dont les intérêts
s'opposent totalement aux intérêts des classes sociales dominantes.
Il n'est plus facile au régime de faire semblant d'ignorer la Voie démocratique
présente dans le
mouvement syndical (CDT, UMT, Sné-Sup, UNI, Association des barreaux du Maroc,
Azssociation
nationale des Diplômés Chômeurs au Maroc, Association marocaine des femmes
progressistes, ATTAC Maroc.) comme il est difficile de l'ignorer dans le
domaine des droits humains où les militants oeuvrent au sein de l'AMDH et du
FMVJ tout en renforçant l'indépendance réelle de ces organisations.
Dans ce cadre, la Voie démocratique épouse l'ensemble des revendications
exprimées par le mouvement des droits humains, parmi lesquelles :
· La libération de tous les
détenus politiques ;
· la libération des personnes
disparues encore en vie ou la remise des dépouilles de celles qui sont décédées
avec la délivrance de documents administratifs à leurs ayant droit ;
· la poursuite des responsables
des graves violations des droits humains et des crimes économiques sur la base
de la non impunité de ces crimes et violations ;
· la dissolution de tous les
appareils impliqués dans
ces crimes ;
· engager un dialogue officiel
et public avec le FMVJ qui représente les victimes, pour définir et arrêter les
mesures à prendre et les solutions envisageables ;
· l'annulation de toutes les
lois s'opposant à la Déclaration Universelle des Droits de l'homme.
Dans le domaine associatif, du développement et de la culture, il suffit de
rappeler le rôle important des militants de la Voie démocratique au sein du
mouvement amazigh et ce en cohérence avec les positions historiques exprimées par
l'organisation « en avant » depuis le début des années soixante dix et sur lesquelles
a insisté la Voie démocratique à plusieurs occasions. A cet égard, nous citons
la position de principe exprimée par le camarade Ziani qui a refusé de
rejoindre l' « institut royal de la culture amazigh », position compatible aux
orientations de la Voie démocratique qui a appelé à la création d'un institut scientifique
indépendant, versé dans l'étude de tous les aspects de la langue et de la
culture amazigh pour pouvoir répondre concrètement aux revendications des mouvements
démocratiques amazigh.
6) La politique étrangère
La politique étrangère est le prolongement de la politique intérieure. Un
régime politique ne peut pas
être répressif à l'intérieur d'un Etat et libérateur à l'extérieur, d'où la
liaison dialectique entre la lutte pour la démocratie et le respect des droits humains
à l'intérieur des frontières et la lutte pour
le changement de la politique étrangère. La politique étrangère officielle a
transformé le Maroc en un
instrument de l'impérialisme (américain et français en particulier). Depuis le
début des années soixante, le pouvoir marocain a choisi le camp ennemi à la libération,
au progrès et au socialisme. Ce qui est demandé aujourd'hui, c'est de rectifier
cette situation et lutter pour que la politique étrangère
soit soumise au gouvernement et contrôlée par les institutions représentatives.
La continuité de l'occupation coloniale de Mellila, Sebta et les îles du Nord par
l'Espagne et l'absence
de volonté réelle de l'Etat marocain quant à la récupération, constituent une
provocation et une
atteinte aux sentiments et à la dignité du peuple marocain, en même temps
qu'une violation des
conventions internationales.
La construction du grand maghreb est devenu un préalable nécessaire pour le
progrès de la région et
pour des relations équilibrées avec les autres regroupements régionaux ( en
particulier l'union
européenne ) dans une position de force.
Dans ce cadre, certains déclarent que l'affaire du Sahara constitue un obstacle
à ce projet. La voie
démocratique considère que l'application du principe d'autodétermination, du
dialogue et des solutions
pacifiques pour éviter le danger de la guerre constitue la meilleure voie pour construire
l'union
maghrébine à laquelle aspirent les peuples de la région.
Le peuple marocain, amazigh et arabe, est une partie inséparable du monde
arabe. Toute atteinte à ces
peuples constitue une atteinte à nos sentiments, ce qui explique la solidarité
spontanée et immédiate
exprimée par les classes populaires vis à vis du peuple palestinien et de
l'Irak dans leurs souffrances, dans leur résistance contre l'occupation sioniste
de la terre palestinienne et le blocus américain injuste contre l'Irak.
La question du peuple palestinien pour le mouvement marxiste léniniste marocain
est une question nationale aux dimensions internationales. C'est une cause
juste d'un peuple qui fait partie d'un ensemble dont nous sommes partie. La
solution démocratique et équitable de la question palestinienne se résume dans
la lutte pour la construction d'un Etat palestinien démocratique et laïque sur
l'ensemble des terres palestiniennes. Ceci ne peut être réalisé qu'en écrasant
l'entité sioniste coloniale et raciste.
La Voie démocratique ouvre aussi pour que le Maroc occupe sa place naturelle au
sein du front
international des luttes menées contre la mondialisation capitaliste sauvage.
Troisièmement : pourquoi le boycott des élections du 27
septembre 2002 ?
En principe, l'objectif des élections est de donner naissance à des
institutions représentatives
(parlement, assemblées locales..) reflétant honnêtement et objectivement le
libre choix des
citoyens, avec des garanties légales, d'abord constitutionnelles, du droit de
gérer les affaires
publiques, pour lesquelles les institutions ont été élues, sans tutelle et sans
ingérence des autorités
non élues. Les élections exigent une honnêteté et une transparence dans l'ensemble
des opérations (du début à la fin), l'indépendance des institutions élues dans l'exercice
effectif de leurs compétences avec
l'égalité réelle des chances entre les forces en compétition.
La question fondamentale posée aux démocrates marocains est relative aux conditions minimales et
nécessaires dans le contexte actuel.
Nous considérons que ce minimum est loin d'être réalisé dans les circonstances
actuelles. Nos
arguments sont les suivants :
- Les élections auront lieu
sur la base de listes électorales établies en 1996 et 97 et remises en cause par
l'ensemble des forces politiques quant à leur
validité ;
- L'absence d'une instance constitutionnelle neutre et la préparation des
prochaines élections par le
ministère de l'intérieur, bien que ce ministère ait été depuis les années
60 un instrument de
falsification, de fraude et de répression. Même les consultations récentes du
ministère de l'intérieur
sont restées formelles et n'ont pas englobé l'ensemble des formations
politiques ;
- Les élections sont organisées dans le cadre d'un code électoral restreignant
le droit de la liberté
d'expression et interdisant le boycott ;
-L'exclusion des marocains résidant à l'étranger de la participation aux dites
élections ;
-L''exclusion des jeunes de moins de 20 ans ;
-L'absence de différence entre les conditions qu'ont connues les élections partielles
sous le gouvernement de l'alternance makhzénienne et les élections antérieures
caractérisées par la fraude et le recours à l'argent ;
-La non délivrance du reçu de dépôt du dossier à plusieurs organisations
politiques parmi lesquelles la
Voie démocratique. Ce qui illustre l'arbitraire par la pensée unique et
l'exclusion des points de vue
différents ;
- L'accord de subventions à certains partis (du budget général, c'est-à-dire
des impôts versés par les
citoyens) et le refus à d'autres (le parti de l'avant-garde socialiste
n'en bénéficie pas malgré son
existence légale) ;
-L'ouverture des médias et le refus ou la restriction à d'autres ;
- Le refus de tenir compte des revendications concrètes des mouvements de
droits humains, syndicaux,
féministes, culturels et associatifs, relatives à la sincérité et à la
transparence des élections ;
- Enfin, les élections auront lieu dans le cadre d'une Constitution octroyée où
l'essentiel des pouvoirs sont concentrés entre les mains du monarque. Même dans
le cas où les élections donneraient lieu à une majorité pour une force déterminée,
et que celle-ci forme un gouvernement homogène, sans ministère de souveraineté,
ce gouvernement pourrait il appliquer son programme ? Cela n'est pas possible si
ce programme est en contradiction avec les intérêts des classes dominantes et
les recommandations des institutions financières internationales. La constitution
elle-même ne garantit pas cette possibilité..
- Ainsi, la Voie démocratique considère que les conditions objectives à la
participation aux élections
n'existent pas dans les circonstances actuelles. Le résultat de ces élections
ne pourra ni mener à la
démocratisation de la vie politique, ni améliorer le niveau de vie des
citoyens, ni arrêter la dégradation
sociale et économique en cours. Par contre elle consacrera l'hémorragie
provoquée par les privatisations avec tout ce que cela entraîne en terme de
licenciements collectifs des travailleurs,
approfondissement / accroissement du chômage, main mise des sociétés
multinationales sur l'économie nationale et le transfert des plus values
nationales à l'extérieur sous forme de devises ;
- La participation aux élections ne signifie qu'appui à un processus tracé par
le pouvoir makhzénien, avec la complicité des forces impérialistes, avec pour objectif
principal la reproduction du statu quo ;
- Ainsi la « voie démocratique appelle tous les militants et militantes
démocratiques et tous les
citoyens et citoyennes victimes de la pauvreté et de l'exclusion à poursuivre
leurs luttes pour construire
les véritables instruments de lutte et d'auto défense des classes populaires.