Bref aperçu sur : La Voie Démocratique
La Voie Démocratique (' ' Annahj Addimocrati ' ' en
arabe) a été fondée en 1995 comme courant politique militant dans la légalité.
Elle constitue la continuation politique et idéologique du Mouvement
Marxiste-Léniniste Marocain (M.M.L.M), et en particulier de l'organisation Ilal
Amam, qui militait dans la clandestinité.
En effet, créée le 30 Août 1970, l'organisation Ilal
Amam a opté pour l'action clandestine, étant donné que le pays était soumis à
une dictature sanglante. Ilal Amam entendait participer à la construction du
parti du prolétariat, de l'alliance ouvrière et paysanne et du front national,
démocratique et populaire représentant l'alliance de toutes les classes
nationales dans leur lutte pour le triomphe de la révolution nationale,
démocratique et populaire qui devait réaliser les tâches de libération du pays
de la domination de l'impérialisme, des classes dominantes ( grands
propriétaires terriens et bourgeoisie compradore) et du despotisme du pouvoir.
L'action de Ilal Amam a été dirigée vers le travail
syndical et au sein de la jeunesse scolarisée (lycéens et surtout étudiants)
ainsi que l'activité associative, surtout à caractère culturel.
Soumise à une répression féroce de la part du régime
( arrestation de milliers de militants et cadres de l'organisation tout au long
des années 70, puis arrestations en 1984 et 85, conduisant à des procès
retentissants et à des peines lourdes de prison atteignant la prison à vie),
Ilal Amam a pu se reconstruire constamment, aussi bien à l'extérieur qu’à
l'intérieur des prisons, et continuer son combat.
A partir de la fin des années 80, un certain nombre
d’évolutions vont conduire à adopter le travail politique légal :
- Depuis la fin des années 80 et sous la pression
des luttes du peuple marocain et de ses militants, en particulier les luttes
des prisonniers politiques, de leurs familles et du mouvement des droits
humains, et grâce au soutien des forces démocratiques à l'étranger et en tirant
profit d’un contexte mondial caractérisé par l'intensification des pressions en
faveur du respect des droits humains et des libertés démocratiques, des acquis
démocratiques ont pu être arrachés qui ont permis de développer la lutte
démocratique et l'organisation des masses populaires sans subir la même
répression féroce qu’auparavant.
- Au même moment, les groupes de militants issus de
l'expérience du ' ' M.M.L.M' ' ou ayant sympathisé avec ce mouvement
participaient activement à la lutte au sein des organisations de masse ou de la
société civile, en particulier les syndicats et le mouvement des droits
humains, sans que cette lutte s’inscrive dans un plan d’ensemble du changement
démocratique, en raison de dispersion et de l'absence d’un cadre politique
unifiant et organisant leur action.
La Voie Démocratique tente de répondre à ces besoins
et de profiter de l'ouverture ' ' démocratique ' ' au Maroc. Beaucoup de ses
militants et cadres sont d’anciens prisonniers politiques qui ont résiste aux
tortures, aux conditions inhumaines dans les centres secrets de détention et
aux longues années de prison.
La
voie Démocratique, tout en étant fidèle à sa culture de résistance et de lutte,
à son patrimoine de combat, à ses martyrs tombés sous la torture, ou pendant
les grèves de la faim ou dans la lutte au sein du peuple, à ses objectifs de
lutte contre la despotisme et l'exploitation et pour la démocratie et le
socialisme, regarde résolument vers l'avenir. Son attachement au marxisme ne
signifie pas dogmatisme, mais mise en œuvre vivante d’une méthode d’analyse
permettant d’aider à la compréhension des mécanismes et lois du capitalisme et
des dynamiques sociales qu’il surdétermine. Il signifie également la prise en
compte des leçons de lutte des peuples pour leur émancipation :
expériences des mouvements de libération des peuples
dominés par l'impérialisme, acquis de la pensée progressiste mondiale dans les
domaines des droits humains, des droits de la femme, de la défense de
l‘environnement et de la paix dans le monde, dans les domaines de la solidarité
entre les peuples et de l'élaboration de visions, de pratiques et de mécanismes
permettant une plus large participation des citoyens à la prise de décisions
les concernant.
La Voie Démocratique considère que son rôle est de
participer à l'essor de l'organisation de toutes les masses opprimées, et à
leur tête la classe ouvrière, et à l'épanouissement des initiatives militantes
et autonomes de la société civile.
La Voie Démocratique œuvre sans relâche dans deux
directions indissociables :
·
L'unification
des forces attachées au socialisme et leur enracinement dans la classe ouvrière
et les masses laborieuses en vue de participer à la construction de
l'instrument politique de libération de la classe ouvrière et de tout le peuple
marocain.
·
L'unification
dans le cadre d’un pôle démocratique radical de toutes les forces démocratiques
véritables dans le but de lutter avec fermeté et de rompre avec le despotisme
makhzénien et le capitalisme sauvage et ses répercussions dramatiques sur les
conditions de vie de notre peuple.
L'édification politique et organisationnelle de la
Voie Démocratique se passe dans des conditions matérielles difficiles étant
donné que ses militants sont, dans leur majorité, issus de milieux populaires
et/ou ayant souvent passé de longues années de prison et affrontant d’énormes
difficultés pour se réinsérer dans la vie professionnelle. Cette édification a
nécessité la tenue de sept Rencontres Nationales au cours desquelles des
militants venus de toutes les régions du pays discutent des orientations
politiques, idéologiques et organisationnelles de l'organisation et qui ont
permis d’adopter les plates-formes politique, idéologique, organisationnelle et
le programme d’action de la Voie Démocratique.
Actuellement la Voie Démocratique a des sections
dans toutes les villes du pays et aussi dans de nombreux villages. Ses
militants sont actifs dans les deux centrales syndicales principales (L'Union
Marocaine du Travail et la Confédération Démocratique du Travail) dans le
mouvement des droits humains, en particulier l'Association Marocaine des Droits
Humains, dans le mouvement des diplômés chômeurs, dans le mouvement des femmes,
dans le mouvement associatif en général…
La Septième Rencontre National tenue les 4 et 5 décembre
1999 à Casablanca a couronné ce processus d’édification et constitue un point
d’inflexion décisif dans la marche militante et combative de la voie
Démocratique en annonçant l'entrée dans la phase de demande de la
reconnaissance par les autorités (dépôt du dossier de constitution juridique
auprès des autorités).
La Septième Rencontre estime que les évolutions
politiques récentes au Maroc et les mesures qui les ont accompagnées ne
touchent pas l'essence et la structure du régime politique existant et le mode
de gestion du pouvoir et réaffirme que la voie d’accès au véritable changement
passe par la mise en place d’une constitution démocratique, aussi bien au
niveau de son élaboration que de son contenu et de son mode d’adoption, se
basant sur une séparation des pouvoirs et incarnant la volonté populaire en
tant que source de tout pouvoir.
La Voie Démocratique publie un journal de même nom.
Cependant, étant donné les difficultés matérielles, ce journal qui paraissait
chaque mois est publié actuellement de façon irrégulière.
La Voie Démocratique
Casablanca le 23 Mars 2000