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ASSOCIATION MAROCAINE

DES DROITS HUMAINS

Bureau Central

 

Déclaration de l’AMDH à l’occasion de la journée mondiale des droits humains

 

L’Association Marocaine des Droits Humains célèbre la journée mondiale des droits humains coïncidant cette année avec le 53ième anniversaire de la publication de la Déclaration Universelle. A cette occasion, elle participe avec le mouvement des droits humains au Maroc et dans le monde et se réjouit de la montée des luttes pour les droits humains dans plusieurs régions du monde. Elle exprime ainsi sa joie face :

 

Ces aspects positifs, réalisés grâce au combat historique et continu des défenseurs des droits humains et des forces démocratiques mondiales, demeurent isolés et limités devant la gravité des violations accrues dans plusieurs régions du monde, touchant les individus, les collectivités et les peuples, du fait des politiques suivies dans le cadre du nouvel ordre mondial, et du fait de l’extension de la terreur et du surarmement.

Cette situation est aussi due à l’indifférence face aux zones de tension, au refus de la communauté internationale d’assumer sa responsabilité en mettant un terme aux guerres civiles, en protégeant les peuples opprimés, en sauvegardant la paix et la sécurité internationale ; elle est due à l’hégémonie américaine exercée à travers la mainmise sur le sort et le devenir des peuples, la violation de la légalité internationale, l’appui aux régimes despotiques, et la protection des forces coloniales ; elle apparaît aussi à travers « la punition » des Etats « insoumis » selon la vision américaine en utilisant le Conseil de Sécurité pour imposer les sanctions économiques injustes et destructrices des économies nationales de ces Etats et pour priver les peuples de leurs droits fondamentaux. Cette situation se traduit  aussi par :

-          Les campagnes racistes, le fascisme et la xénophobie, le génocide des minorités raciales, ethniques  et religieuses, l’obstruction de toute tentative de développement économique et l’avortement de tout effort de  décollage économique et de développement social dans les pays du sud ;

-          La continuité de la politique des « deux poids, deux mesures » et l’impuissance des Nations-Unies à contraindre Israël  à respecter les résolutions internationales et à se retirer des territoires occupés ;

-          L’appui  des grandes puissances, en particulier les USA, à Israël, dans le génocide et le terrorisme contre le peuple palestinien ;

-          La marginalisation des règles du droit international , particulièrement après les événements du 11 septembre 2001, et le reniement des dispositions de la convention de Genève relative à la protection des civils et des prisonniers dans la guerre imposée au peuple Afghan.

Au niveau national :

L’Association considère que l’évolution relative et limitée de la situation des droits humains au Maroc s’est beaucoup ralentie au cours de cette année, compte tenu :

-          Des violations qui ont touché la liberté d’opinion et d’expression, la liberté de la presse, la liberté de réunion et de rassemblement, d’association et d’adhésion à des organisations politiques ou syndicales, le droit au travail et les droits des travailleurs ;

-          Du recours à la violence pour réprimer les mouvements de contestation pacifiques ;

Ces violations ont même porté atteinte aux défenseurs des droits humains à travers le procès inique des militants de l’Association, du  Forum marocain pour la Vérité et la Justice et des familles des prisonniers politiques ainsi que des membres du Comité de Coordination des Sahraouis victimes de la disparition forcée et d’autres défenseurs des droits humains.

L’Etat marocain, bien qu’ayant déclaré officiellement dans la Constitution son engagement vis à vis des conventions internationales relatives aux droits humains, et bien qu’ayant intégré le discours des droits humains dans son discours officiel, ne prouve guère l’effectivité de son engagement à travers les choix globaux dans la gestion des affaires publiques et au niveau des droits et des libertés fondamentaux, dont doivent bénéficier les citoyens.

Ceci se manifeste à travers :

-          L’indisposition à :

Ø       ratifier l’ensemble des conventions, des pactes et des chartes internationaux, en particulier :

1.      Le protocole facultatif annexé au pacte international  relatif aux droits civils et politiques (1966)

2.      Le protocole pour l’abolition de la peine de mort ;

3.      Des dizaines de conventions importantes de l’O.I.T.

Ø       lever les réserves  officielles vis à vis de :

-          

 

1.      La convention contre la torture ;

2.      La convention relative à l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes ;

3.      La convention relative aux droits de l’enfant.

-          L’incompatibilité des législations nationales avec les conventions internationales ratifiées par le Maroc, notamment la Constitution ;

-          L’atteinte à la liberté d’opinion et d’expression, à la liberté de la presse en saisissant les journaux, voire en les interdisant et en jugeant les journalistes ;

-          La continuité de l’accaparement des médias officiels par les instances du pouvoir ;

-          L’interdiction des manifestations, des marches , et des sit in collectifs pacifiques ;

-          Le recours à la force et à  la violence contre les mouvements pacifiques de contestation et de revendication;

-          La non autorisation et la non reconnaissance de plusieurs organisations politiques et associatives ;

-          La continuité de l’emprisonnement politique ;

-          La lenteur dans le traitement des affaires relatives aux dossiers des graves violations et dans la résolution de toutes les affaires qui découlent du phénomène de la disparition forcée ;

-          La privation de dizaines de citoyens du droit au passeport, en particulier les citoyens appartenant à l’opposition ou les activistes dans le domaine syndical ou associatif, et de leur droit de circuler librement et de quitter le territoire national ;

-          La non intégration de la culture amazigh dans les programmes scolaires et le défaut d’enseignement de la langue amazigh ;

-          L’attachement aux dispositions juridiques discriminatoires à l’égard de la femme et la consécration de l’infériorité de la femme en général ;

-          La continuité des violations des droits économiques, sociaux et culturels au sens large et au niveau collectif, notamment à travers :

* l’atteinte au pouvoir d’achat de la majorité des citoyens à travers les augmentations successives des prix des produits de première nécessité, au moment où les salaires et les revenus sont gelés ;

* l’extension du chômage au sein de la population active y compris  les détenteurs de diplômes supérieurs ;

* la dégradation des conditions de l’habitat et de  l’enseignement ;

* l’élaboration d’un budget général de l’Etat privilégiant la réalisation des équilibres financiers au détriment des prestations sociales et du niveau de vie des citoyens ;

 -    La continuité du phénomène de l’exploitation économique et sexuelle des enfants, l’extension de la           

       violence physique et sexuelle exercée sur les enfants, la clochardsisation et le désintérêt pour les

       personnes en situation difficile, notamment les enfants handicapés.

L’Association Marocaine des Droits Humains profite de la commémoration de la journée mondiale des droits humains pour reconfirmer et réitérer ses revendications fondamentales et urgentes transmises au Gouvernement en la personne du Premier Ministre et des ministres concernés, et au Parlement par l’entremise des Présidents des deux chambres et des commissions parlementaires, en date du 03 décembre 2001, demandant aux responsables de donner suite à ces revendications afin d’entamer réellement l’édification d’ un Etat de droit où son respectés concrètement les droits humains dans leur intégralité.

L’Association Marocaine des Droits Humains, se référant à ses principes et à ses orientations en matière de droits humains, et en tant que composante du mouvement des droits humains au Maroc, exprime son soutien à toutes les initiatives unionistes, et salue le niveau élevé de coordination entre les diverses composantes du mouvement des droits humains visant à tourner réelleement la page des graves violations des droits humains au Maroc.

       L’Association Marocaine des Droits Humains, en tant que composante du mouvement mondial des droits humains, exprime :

-          sa solidarité à toutes les victimes des violations des Droits Humains à travers le monde, individus, collectivités et peuples ;

-          son appui à toutes les voix revendiquant la révision de la charte de l’ONU, en garantissant l’égalité des Etats et des Peuples, et en mettant un terme à l’hégémonie américaine sur l’ordre international ;

-          son rejet de la politique de deux poids deux mesures ;

-          son opposition aux guerres et à toute les formes de menace contre la paix mondiale ;

-          son appui à la résistance légitime des peuples pour leur libération et leur autodétermination ;

-          sa lutte contre la mondialisation ultra-libérale et le pillage des richesses des pays du Sud ;

-          son soutien inconditionnel au peuple palestinien dans ses luttes pour l’autodétermination et la construction d’un Etat indépendant avec pour capitale AlKods ;

-          sa revendication de levée de l’embargo injuste et arbitraire imposé au peuple irakien ;

-          sa dénonciation de la guerre imposée au peuple afghan et des agressions ayant fait des victimes civiles, ainsi que les éliminations massives dont ont été victimes des centaines de prisonniers de guerre.

Le Bureau Central

Le 07 décembre 2001 

 

 

 

B.P 1740 – RABAT – Tél : 212037730961 – Fax : 212037738851

e- mail : amdh1@elanonline.net.ma

 

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