----------------------------------- A S
D H O M ---------------------------------
Association de Défense des Droits de
l'Homme au Maroc
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Communiqué
Grève
de la faim contre l'oubli
23
et 24 mars 2001
Où sont-ils ? Nous entendent-ils ? Sont-ils encore en vie ou a t'on déjà fait que leur silence soit irréversible ? Comment oser rire, travailler, manger, parler, même, quand un père, un frère, un époux, un fils, a été enlevé et que l'on ne sait s'il est mort ou s'il est là, vivant, peut-être à quelques dizaines de mètres de ce lieu fréquenté quotidiennement, qu'il appelle, qu'il pleure, qu'il souffre ? Peut-être a-t-il perdu la raison ? Peut-être pense-t-il qu'il est oublié des siens et que la vie de ceux-ci coule depuis sans nuage ? Peut-être est-il mort... Mais alors quand ?! comment ?! pourquoi ?! quelles-ont été ses dernières paroles ? a-t-il su que les siens remuaient ciel et terre pour le retrouver ? A-t-il conservé son courage et sa fougue jusqu'au dernier instant ? Chantait-il ? A-t-il su que sa mère chaque matin ouvre sa chambre comme s'il y était et embrasse son ombre laissant chaque fois des flots silencieux de larmes et une partie de son corps et de son âme ? A-t-il su que sa fille, née quelques semaines après son enlèvement a été prénommée Zahra et qu'elle a de lui la pétillance et la bonté ? Saura-t-il que le sommeil des proches depuis ne fut jamais qu'arrangement avec le devoir de récupérer quelques forces et que le repas depuis n'est plus qu'arrangement avec le devoir de survivance ? Saura-t-il qu'aujourd'hui 23 mars, et demain, une grève de la faim lui est dédiée. Pour rappeler que les bras ne baisseront jamais jusqu'à ce que vérité soit faite sur son sort ?
On ne peut tourner la page de la
disparition forcée, ou quelque autres page, quand celle-ci n'a pas été
éclaircie, ni lue, ni comprise !
Paris, 23 mars 2001
Le Bureau de l'ASDHOM