SOMAIRE                                                             

 

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TEMOIGNAGES

ZENNOUHI HAJJA ( mère du disparu)

      Que puis-je dire, sinon crier ma douleur au monde entier. Y-a-t-il une chose plus affreuse que d'arracher un fils à sa mère. Depuis bientôt quinze longues années, j'ai l'impression de vivre sans cœur, sans âme. J'ai vidé toutes les larmes de mon corps à attendre qu'il me revienne un jour avec son sourire qui ne quittait que rarement son visage.
       Omar est mon aîné. Il a été élevé dans l'amour de la patrie et du peuple, surtout que mon père, et son grand-père, était engagé dans le mouvement de la résistance contre les collants Français. Combien de nuits blanches ai-je passé à préparer à boire et à manger aux militants qui tenaient des réunions chez nous pour préparer leurs coups contre les Français, afin de faire revenir au Maroc son indépendance . Mais qu'ai-je donc obtenu comme récompense après l'indépendance ? La disparition injuste de mon aîné ? Qu'a-t-il donc commis comme crime ? L'amour des démunis de cette patrie ? La révolte contre l'exploitation du peuple qui a tant donné pour ce pays ? Nombreuses sont les heures qu'Oman passait à mes côtes à plaider la cause des ouvriers et des agriculteurs exploités, de tant de gens démunis alors que le Maroc possède beaucoup de ressources, et nombreuses étaient mes craintes pour lui, même si au fond de moi-même j'étais fière de lui car il me rappelait une autre personne chère : mon père. Je ne vis maintenant que dans l'espoir de le revoir. Le C.C.D.H nous a dit qu'il vit à l'étranger, un point c'est tout. Mais où ? ? ?  Je demande à toute mère de poser cette question à ma place. N'avez- vous pas l'impression de brûler vives ?

                                                                       

 

HESKALE HAFIDA (belle-fille de Hajja / épouse de Abdelhak, frère d'Omar)

         " Omar " n'est plus un simple nom pour moi et mes deux enfants Amine et Lina. " Omar " c'est la disparition, les larmes, l'injustice, l'espoir, la douleur, le cœur et le corps d'une mère et d'un père qui s'usent de jour en jour. " Omar " c'est l'étincelle que je vois briller dans les yeux de Lina et d'Amine à chaque fois que ce nom est prononcé devant eux.
" Omar " ce sont les centaines de questions qui bouillonnent dans la tête d'Amine :
pourquoi ? comment ? quand ? qui ? Apparemment sa petite tête de sept ans et demi n'arrive pas à comprendre pourquoi son oncle a subi ce sort alors qu'il était plein de qualités et qu'il ne cherchait
qu'à défendre la cause des pauvres. " Omar " c'est la joie de Lina à chaque fois que son papa part pour une réunion des familles des disparus. " Papa est parti chercher oncle Omar " répète-elle avec toute l'innocence de ses trois ans et demi, et aussi sa déception quand il revient sans lui. " Omar " c'est l'attente de toute une famille, grands et petits. " Omar " ce sont aussi mes craintes profondes de devoir un jour vivre la même situation que Hajja comme mère de disparu, mes craintes que mes enfants subissent les séquelles de cette période noire que vit toute la famille. Mes appréhensions pour leur avenir alors qu'ils savent dés maintenant qu'au Maroc, leur pays, il existe : la disparition, la torture, les centres de détention secrets, l'injustice……..

                                                                                                                           Casa le 07/11/99

    FOUZIA EL OUASSOULI ( sœur d'Omar)

 

           Vous voulez que je vous parle d'Omar ? Je sens que je peux remplir des pages et des pages sans me lasser. Je       vais donc vous raconter mon calvaire à travers des dates qui resterons gravées dans ma mémoire à jamais.

 

 

 


1998
: Le C.C.D.H publie enfin la liste des disparus et Omar y figure comme étant libre et vivant à l'étranger ! ! ! Mon espoir et mes rêves d'embrasser Omar ont repris encore plus pressants qu'auparavant surtout que le désir de clore le dossier venait des plus haut responsables de l'état. Un an est passé maintenant et on est toujours au même point de départ. Le C.C.D.H n'a rien voulu révéler le concernant ou concernant d'autres disparus, comme si on pouvait clore ce dossier

 

  SOMAIRE                                                             

 

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